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Burundi : Pierre Nkurunziza tenté par un 3e mandat (jugé anticonstitutionnel)

Pierre Nkurunziza
Pierre Nkurunziza, président de la République du Burundi, salué par un de ses Généraux.

Dur ! Dur ! Dur…pour tout leader. Quoi de plus mal que d’entreprendre et ne pas mener à bon port ce que l’on a commencé ? Voilà à quoi serait confronté notre cher président, Pierre Nkurunziza. L’Ecole fondamentale qui fait objet de critiques de toute part. Tiré à boulet rouge par ses détracteurs sur sa politique des travaux communautaires pris par ces derniers comme une propagande sournoise du parti présidentiel. Pierre Nkurunziza voudrait peut-être un mandat de plus, de trop pour certains, pour faire mieux, se racheter, récupérer certaines erreurs. Accordons-lui le bénéfice du doute !
Sauf que d’après l’histoire, de telles « bonnes » volontés finissent toujours mal. Laissons de côté la tentation de vouloir s’accrocher sur le fauteuil présidentiel causée par les vertiges du pouvoir. Et parlons développement. La seule motivation, l’on suppose, du chef de l’Etat de vouloir se représenter en 2015. Pour y voir clair, inspirons-nous d’autres pays africains, les plus huppés du continent, il n y a pas deux ans : l’Egypte et la Lybie.
Hosni Moubarak, à la tête du pays des pharaons pendant plus de trente ans. Il a tout fait. Il s’est donné pour rendre l’économie de son pays solide. A côté, Mouammar Kadhafi. Le peuple libyen n’a eu aucun problème du pain, de bonnes écoles et d’hôpitaux de qualité pendant quarante ans. Mais ces deux hommes n’ont jamais voulu qu’il y ait alternance politique. Leurs peuples ont souffert d’une dictature sans nom jusqu’à ce qu’ils disent : « ça suffit ! ». Conséquence : tout ce qui a été construit pendant ces dizaines d’années dans ces deux pays est en train d’être détruit dans une guerre civile, entre compatriotes, due à ce mauvais « legs » politique.
Revenons à nos moutons. A quoi servirait de développer un pays, de lui doter de tout sauf l’essentiel : la stabilité institutionnelle, si l’on est bien conscient que tôt ou tard l’on sera obligé de faire machine arrière, bon gré mal gré, et parfois au grand prix, pour régler ce qui ne l’a pas été ? Le moins que l’on puisse tirer de tout ça, c’est que l’on peut faire mal en voulant faire du bien. Et le plus grand des services que Pierre Nkurunziza puisse rendre au peuple burundais, ce serait de permettre à ce pays, qui a tant saigné, d’être stable démocratiquement et politiquement en favorisant l’alternance politique. Bref, laisser les autres concourir en 2015 !


Burundi : le drame des enfants de la rue

DSCN4304La situation ne cesse de défrayer la chronique : ces enfants laissés pour compte. Sans avenir. Devant une population « laxiste » ou désarmée, le phénomène ne cesse de s’amplifier dans différentes villes du Burundi…

Que faire ? Des reportages, des documentaires, des émissions passent au quotidien, des livres, peut-être, seront bientôt publiés. « Pourquoi un reportage de plus ? Que va-t-il changer ? Qui peut apporter plus sur ce plan? » Ces questions font partie, de celles qui hantent, chaque jour, certains journalistes. Mais il convient de tout faire, pour ces enfants qui ont fait de la rue leur pourvoyeur, leur royaume.

Il suffit de  passer juste cinq minutes assis, calme, en tournant ses regards dans différentes artères de la capitale Bujumbura, l’ampleur du phénomène vous incite à briser le silence, à donner ce que l’on a, à parler et écrire, écrire encore .

Dans chaque rue on peut voir des gosses, « souriants », grisés. Inutile de revenir sur leur accoutrement. Voix étouffée par la drogue, ils font déjà partie du décor de la ville. Personne ne semble s’inquiéter. Ce n’est plus un souci ! Entassés, la nuit, devant les studios de vente de « CD et DVD », la musique les occupe, les console, les façonne et les éduque. Un véritable refuge.

C’est Noël ! ils vibrent au rythme du morceau « Gloria », ensuite Emmanuel et les Bonyemes … Ils dansent et chantent sans aucune conscience du monde qui les entoure. Ils n’ont rien à foutre avec ce monde . L’avenir ? Ce n’est pas leur affaire. Tous là, à attendre un bus qui se gare pour forcer les fenêtres des passagers dans l’espoir de voir une petite pièce de cinquante francs Cfa tomber d’une âme sensible.

Comment sont-ils arrivés là ? D’où viennent-ils ? Inutile de leur poser une fois de plus la question. La réponse  est connue : « Mon père est mort. Ma mère a été récupérée par un autre homme qui m’a renvoyé dans la rue ». Autre version : « Mon père a chassé ma mère pour se remarier avec une autre femme. La marâtre me haïssait et ne voulait pas me voir, et j’ai fui ». Que dire de plus ?

Que faire pour sauver cette génération déchirée, brisée et abandonnée ? » Les plumes n’en peuvent plus…


Entre le Burundi et le Rwanda, où aimeriez-vous vivre ?

Les accidents qui rythment la circulation dans différentes routes de l’intérieur du Burundi font partie du quotidien. Derrière cette triste réalité, un débat jaillit : celui du respect des normes entre le Burundi et le Rwanda.

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Photo : Accident d’un camion « actros » sur la RN1.

Habitués ou anesthésiés ! Ces images chocs semblent n’étonner désormais personne : tel un camion cascadeur qui se retrouve, renversé, au pied de la montagne, pneus en l’air. Telle une voiture qui roulait à tombeau ouvert, qui n’hésitait pas de dépasser dans un virage, et qui s’est faite broyer, crûment, par un poids lourd. Et que dire de ces groupuscules, totalement à genoux, désemparés, qui assistent, regards brouillés par les larmes, les dernières convulsions d’un transporteur de charbon à vélo, qui a foncé tout droit dans un ravin, cherchant à saisir l’arrière d’un camion, histoire de se faire booster sur une pente. De ces tristes spectacles, les voyageurs y trouvent matière de débat pour « agrémenter » leur chemin.

Dans les bus, commentant les faits, des pics de phrases, comme pour rabaisser le Burundi afin d’élever son « faux jumeau » coulent à flot: « Qui peut oser rouler à une telle vitesse au Rwanda ? Le Burundi est un pays du laisser-aller ! » Certaines voix vont jusqu’à charger les chauffeurs qui ont fait du « gentil » Burundi, « aux lois jamais ou difficilement appliquées », la terre qui leur permet de rattraper le temps perdu au Rwanda « dur », où on connaît la vitesse max.
Des propos jugés calomnieux par ceux qui s’érigent en protecteurs de l’image du pays. Pour eux, pas question de rester indifférent devant une telle agression. Ici, avec une moue de mépris, leur réplique, parfois prise comme simpliste : « Toujours, toujours, le Rwanda ! Mais… qu’y a-t-il de mieux que la dictature ? » Et la riposte ne tarde pas : « Si le despotisme amène à la discipline, au respect des normes, où est le mal ? » Une réponse qui ne débouche que sur une équation, irrésolue si ce n’est ranimer les discussions: celle de savoir finalement l’endroit que l’on aimerait bien habiter entre les deux pays.

Et si la question vous était posée ?


Quelle excuse pour cette génération?

imagesCette fois-ci, grande est la convoitise des jeunes africains pour ceux de Kigali qui peuvent,désormais, surfer 24h sur 24, se renvoyer des rafales de sms via les réseaux sociaux sans visiter un cyber café, ou « googler » (si l’on pouvait dire ainsi) une leçon mal assimilée en classe. La capitale rwandaise vient de révolutionner le quotidien de ses citoyens en rendant accessible la connexion internet WI-FI, gratuitement, dans les places publiques.
Burundais que je suis, la bonne nouvelle pour mes voisins m’a, au premier coup, secoué. Mais, dois-je l’avouer, je n’avais presque pas la moindre idée de ce qui venait de se passer : libre accès à des milliards de livres pour les étudiants ! Que leur manque-t-il encore ? Peut-être le courage d’en profiter, ou pis encore, la conscience de ce privilège inédit. Comprendre qu’un étudiant rwandais, via son petit smartfone, peut se connecter à la bibliothèque mondiale, qu’il peut aller loin, très loin, dans ses recherches académiques, se mettre à la pointe d’une discipline qui le passionne, me permet d’affirmer, avec toute la prudence qu’il faut, qu’il n’y a presque plus de différence entre un étudiant de Havard et celui de l’Université Kist de kigali. Trop comme affirmation ! Mais à mon avis, rien ne vaut pour un jeune friand d’apprendre davantage, d’avoir accès à « tout ». Bref, toutes les cartes sont désormais dans les mains de la jeunesse rwandaise. A eux de jouer. Et comme disent les anglais : « this generation has no excuse ! ».

J’aurais aimé que cette chance soit donnée à toute la jeunesse africaine, particulièrement à mes compatriotes. C’est le moins que l’on puisse demander à nos dirigeants. Et l’on aurait moins de grognes, j’imagine, comme quoi tel est plus chanceux plutôt que tel autre. Le dénominateur commun serait le même : accès à tout, pour s’autoformer.