Les gauchers, régalez-vous !

14 août 2014

Les gauchers, régalez-vous !

Mes amis gauchers, le saviez-vous ? Hier le 13 août c’était votre fête. Moi je viens d’apprendre l’existence de la journée alors qu’elle est célébrée depuis 1976. Dans mon pays, au Burundi, c’est visiblement un non-évènement. Et chez vous ? Laissez-moi au moins partager avec vous le châtiment que j’ai eu pour être né gaucher.

Sur terrain a récolter des témoignages avec ma main gauche
Sur le  terrain à récolter des témoignages avec ma main gauche

 

J’ai été battu. J’ai été Discriminé pour un seul crime : écrire avec la main gauche. Et moi je murmurais : « Seigneur, pardonne-leur. Ils ne savent pas ce qu’ils font ! » Oui ! Même si j’avais fredonné à haute voix la phrase du Seigneur Jésus-Christ, j’eusse eu mille fois raison. Mon institutrice de la première année primaire voulait me voir réussir. Elle me voulait du bien. Mon père, qui passait à chaque fois en classe, bâton au creux de sa main, pour voir si je n’avais pas encore réussi à passer mon stylo de la gauche à la main droite, se souciait aussi de mon avenir. Il me surprenait et me tapait sur les doigts.

Mais moi aussi j’étais un gamin très difficile. Insaisissable. Assis sur mon banc pupitre. A la première rangée juste devant ma maîtresse, j’étais le seul qui écrivait de gauche à droite tel un Imam qui recopie les sourates du Coran. Tout le monde s’inquiétait. J’étais un fantôme. Il fallait me redresser. Sauf qu’ « en me ramenant dans le droit chemin », j’ai passé quinze ans jusqu’en deuxième année à la fac, à travailler contre ma nature, à me violer, à faire souffrir ma main droite qui avait d’autres chats à fouetter notamment saluer les gens. Il a fallu un après-midi inoubliable, en plein cours, quand un ange me traversa pour me rappeler que je suis naturellement gaucher. C’était parti ! Le challenge venait de m’être lancé. J’avais le choix : relever le défi et redevenir moi-même ou me dire : « Personne ne l’a jamais fait, pourquoi tenter le coup ? » et me résigner. J’ai pris la première option. J’y ai cru. En moins d’un mois, j’avais oublié mes quinze ans de souffrance.

Un problème culturel

Un handicap, un mal éduqué… voilà ce à quoi sont souvent assimilés les gauchers au Burundi. Culture oblige, il ne faut pas écrire avec la main gauche, il ne faut pas manger avec la main gauche, il ne faut…il ne faut pas…il ne faut. Plusieurs sont victimes de ces barrières et ne parviennent pas à décoller détenus dans les chaînes culturelles. Ayant vécu le même enfer que moi, un ami a toujours eu de mauvaises notes à cause de son écriture illisible. Vous savez quoi ? J’ai défié tout ceci et je suis désormais bien dans ma peau. Et ne l’oubliez pas, les grands hommes sont parfois gauchers : demandez à Obama !

Vivent les gauchers et le 13 août.Obama gaucher

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Commentaires

Nelson
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waw très beau billet. problème d'éducation et de culture. En tout cas, en Haïti on adorait les gauchers, car le plus souvent ils ont une très belle écriture.

gilbertbukeyeneza
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Nelson,
Vous avez eu de la chance en Haïti. Le pbm est vraiment réel chez ns. En tout cas moi je suis même gêné d'entrer ds certains resto craignant d'attirer l'attention des gens. Et le pbm n'est pas personnel. Un ami vient de le témoigner sur ma page FCB. Toutefois, j'adore que je sois gaucher. Ça me différencie des autres. C'est ma spécialité. Mais si ça continue coe ça, cherchez moi un appart pour venir me caser au Haïti. Lol

RitaFlower
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J'aurais bien voulu vous commenter comme j'ai l'habitude de le faire.Mais votre commentaire laissé sur un autre blog d'un vos confrères Mondoblogueur m'en empeche.Veuillez m'en excuser...