Chuuut ! Ici deux enseignants abandonnés

10 avril 2015

Chuuut ! Ici deux enseignants abandonnés

Ils sont à deux, deux enseignants perdus, abandonnés dans les collines du nord-est du Burundi, en province Ruyigi, commune Gisuru. Pourtant, ils n’en sont pas conscients ! Avec leurs craies, ils semblent être les gars les plus heureux de la planète.

Assis, les écoliers suivent attentivement le cours de calcul            Photo: AGB
Assis, les écoliers suivent attentivement le cours de calcul Photo: AGB

Première impression : Un hangar hors d’usage, ou plutôt un poulailler abandonné. A l’intérieur, des visages innocents, des regards luisant, de petites voix angéliques, qui écossent les cinq voyelles de l’alphabet. Une école ? Rien pour le prédire. Il faut vérifier. Oui, c’est l’Ecole Primaire Nyakwibereka. Devant, deux héros. Deux enseignants qui ne voient rien de ces conditions de travail insupportables. Deux hommes qui ont choisi de boucher les oreilles aux altercations assourdissant après t’avoir aveuglé. Deux braves qui n’ont rien à foutre d’un pays qui marche à l’envers en fermant les robinets d’essence juste au moment où le baril s’arrache gratuitement. Au final, deux intrépides bien conscients que le pays a toujours la pépie des fils patriotes, et qui se donnent corps et âme pour en produire quelques-uns dans une salle qui n’a ni porte, ni fenêtre, sans parler de banc pupitre, avec des écoliers qui ignorent carrément à quoi ressemble un livre de lecture, qui se bricolent à l’africaine un tout petit support pour poser leurs fesses. Avec une chose en tête : rattraper le programme. Chez eux, pas de week-end. C’est un luxe de Bujumbura. « C’est le seul jour favorable pour être en avance », vous expliquera Ezéchiel kagina, l’un des deux enseignants. Les passants sont émus, parfois fâchés. Les uns s’inclinent, saluent ce courage inédit mais qui n’enlève rien à la colère des esprits chagrinés épinglant le laxisme des autorités, d’une politique d’éducation-la gratuité des frais de scolarité et le nouveau système d’école fondamentale-qui risque de tourner en fiasco.

Ici le reportage en langue nationale (le Kirundi) réalisé sur ladite école par les journalistes de l’Hebdomadaire Iwacu:

Partagez

Commentaires