Les trois grands péchés récents du pouvoir de Bujumbura

2 mars 2015

Les trois grands péchés récents du pouvoir de Bujumbura

Affaiblir le cercle des généraux, un limogeage qui ne devrait pas, un emprisonnement mal pensé, voici les trois grandes erreurs récentes, commises au mauvais moment, qui risquent de coûter cher au régime Cndd-Fdd.

Les militants du Cndd-Fdd en plein meeting.                Crédit photo: Iwacu
Les militants du Cndd-Fdd en plein meeting. Crédit photo: Iwacu

Toucher les Généraux

Ce fût un coup de tonnerre. Et c’est le fameux grand cercle des généraux qui a été touché, vexé, diminué et enfin affaibli. Nul n’ignore le poids que pesaient l’ex patron du Service National des Renseignements Adolphe Nshimirimana et l’ex chef de cabinet à la présidence Alain Guillaume Bunyoni dans le parti et dans tout le pays en général récemment touchés, quoi qu’ils fussent réputés pour « intouchables ». Leur départ semble avoir levé le voile sur le mythe Cndd-Fdd. Un parti jusque-là qui n’avait, visiblement, rien perdu de ses instincts de guérilla. Un journaliste se posait la question dans les colonnes de l’hebdomadaire Iwacu si l’aigle (emblème du parti présidentiel) ne serait pas en train de perdre ses plumes. Si, peut-être! Dans la mémoire collective, il ne représenterait plus la même force qu’hier. Et l’éviction des deux grosses pointures y serait pour quelque chose.

Limoger Niyombare

Il venait de prendre les rênes du service des renseignements. Trois mois après, un rapport accablant tombe. Le Général allait franco en demandant au président de renoncer à ses intentions de briguer un troisième mandat. Entre nous, que pouvait faire le chef de l’Etat ? Le limoger. (Je le soutiens). Sinon comment allait-il gouverner étant en conflit ouvert avec le chef de sa police ? [Le service national des renseignements= police présidentielle]. Mais là aussi, rien n’a été gagné. Le linge pouvait se laver en famille. Ils ont préféré l’étaler dehors. Soit. Godefroid Niyombare a été limogé. Personne n’ignore ce qu’il représente au sein du parti et dans le pays. C’est aussi un ancien guerrier de l’ex mouvement rebelle. Désormais, il est le symbole de ceux qui aspirent au changement au sein du Cndd-Fdd. Et le chef de l’Etat s’est créé plus d’ennemis dans son propre camp. La bataille la plus dure à gagner.

Emprisonner Bob

La pire des bourdes du pouvoir de Bujumbura. Il n’aurait pas dû. Pour les prochaines élections, l’attention portait peu sur la candidature du président, la question était plutôt de savoir si le peuple pourra dire « Non » à un « mandat de trop ». Là aussi, plus de doute. Le peuple est capable. Les détracteurs du pouvoir peuvent dire merci au grand « M » à celui qui a mis le directeur de la Radio Publique Africaine en tôle. Les récents manifs, du jamais vu au Burundi, lors de sa libération ont dégrisé les esprits.

Trois grosses erreurs que Bujumbura avec un pouvoir, qui, clopin-clopant, tente de prouver sa force, n’aurait pas dû commettre à deux mois des élections. Il reste à savoir si l’évasion de la prison d’Hussein Radjabu, ancien patron du Cndd-Fdd, qui défraie la chronique, n’apparaît pas comme première retombée des trois gaffes susmentionnées.

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