Tout est politique ! Même le foot. C’est l’actu qui m’a tordu

Fan de foot. D’habitude, je ne rate pas une grande compétition comme la Coupe d’Afrique des Nations. C’est la grande fête pour le continent noir, le grand rendez-vous pour nourrir l’actu mercato par de nouvelles étoiles montantes. Mais cette fois-ci, j’ai porté atteinte à mon intégrité émotionnelle en ne regardant que quelques rencontres. Sinon, comment se délecter de ce joli spectacle quand tu es tout le temps mitraillé de mauvaises nouvelles, précisément de ce compatriote, un collègue, Bob Rugurika, directeur de la Radio publique africaine, emprisonné pour ses révélations fracassantes sur l’assassinat des trois sœurs italiennes ? Mettons de côté « regarder », il devient de plus en plus difficile pour un journaliste burundais de « penser foot » aujourd’hui.
J’ai failli rater le grand match
Il faudra un tweet héraut pour ressusciter mes instincts footeux, d’un média qui, d’habitude, n’est pas trop fan de l’actu africaine.
#CAN2015 : #Cameroun -Côte d’Ivoire à suivre en direct dès 19 heures sur @LePointAfrique >> https://t.co/OrFFDmRMru pic.twitter.com/WSwWz0JWYf
— Le Point Afrique (@LePointAfrique) 28 janvier 2015
Chez nous, on ne rate pas un si grand match. Le lion qui rugit pour dégommer tout cru l’éléphant ? On ne résiste pas. J’ai dû chambarder tous mes programmes pour être tranquille devant l’écran de télé à 20 heures pile (heure de Buja). Le coup d’envoi lancé, je tourne les yeux, change de chaîne, me lamente… Où est Alex Song ? Ekotto ? Eto’o, lui, je savais. De nouveaux visages sur terrain. Mon verdict tombe sur le champ : cette équipe va être lynchée. Une minute, cinq, quinze… de très belles combinaisons. Pas de guerre des ego, les insultes, parfois coups-de-poing entre coéquipiers, c’est de la vieille histoire. Le groupe m’épate. « Gare à ma Côte d’Ivoire ! » la phrase me tourmente. Je serre les fesses. Puis une mouche me pique.
Aïe ! L’actu locale me rattrape : je pense à notre classe politique qui nous crée des histoires depuis des décennies, qui semble avoir échoué à aller au-delà de l’ego pour penser l’intérêt général, qui a du mal à concevoir un projet de société pouvant tirer le peuple burundais de la misère qu’il endure depuis plus d’un demi-siècle. Et mon cœur murmura en lui-même : « Tout est politique. Si jamais le tsunami qui a balayé les vieux lions du Cameroun pouvait passer chez nous pour mettre sur la touche ces vieux dinosaures pour permettre au sang nouveau de circuler ».
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