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Heureusement que je ne suis pas président !

Fauteuil présidentiel
Fauteuil présidentiel

Limpide: en Afrique, si l’on sait comment un président accède au pouvoir, seul Dieu peut dire de quelle porte sortira-t-il. Et notre continent regorge d’assez de patriotes pour cracher, éructer, vomir sur ces indéboulonnables qui s’incrustent à vie au pouvoir. Parfois le châtiment est fort. Kadhafi pourrait le témoigner. Mais on peut toujours poser la question à Blaise, Ali, Moubarak,…pour savoir ce qu’est se faire expectoré par son peuple explosant sous le joug de la dictature. Et visiblement, je suis le seul (et j’accuse le coup) à être l’avocat du diable.

Vous savez quoi ? Offrez-moi ce cortège des dizaines de voitures, bling-bling, alors que je n’avais rien au départ, puis venez me rappeler que je suis à la fin de mes mandats constitutionnels (tout en précisant que chez nous il n’y a que deux classes : les riches et les pauvres. Et pour être parmi ces premiers, il faut d’abord être politicien. C’est l’unique voie, apparemment). Chantez mon nom dans toutes les cérémonies, tel un dieu à qui on rend un culte, affichez mon portrait partout, même si je n’ai rien foutu de mon règne, et hasardez-vous à me demander d’organiser un scrutin transparent et inclusif, qui risque de me mettre à la porte. Offrez-moi une immunité, qui me protège de toutes les foudres de la Justice malgré les affaires louches de grande corruption, d’assassinat,…qui trainent derrière mon nom et présentez-vous pour me raconter ce blabla d’alternance politique, de respect des principes démocratiques. Hm ! Heureusement que je ne suis pas président ! Et puis, rappelez-vous : tout le monde n’est pas Sankara, encore moins Mandela.

 


Prions pour que Mandela ne sache rien !

Nelson Mandela
Nelson Mandela

Il y a une année Madiba partait.

Le ciel s’obscurcissait au-dessus de la nation arc-en-ciel. Le monde pleurait le départ d’un héros.

Le monde entier célébrait la grandeur d’esprit d’un homme qui contre vents et marées a pu donner une très belle leçon d’unité.

Il y a une année,  presque tous les chefs d’Etat africains, du pire au moins mauvais, promettaient, pour ne pas dire juraient, de garder, de protéger cet héritage, ô combien précieux, qu’est l’unité entre fils de l’Afrique.

Mais il a fallu une année seulement pour tout passer à la trappe de l’oubli.

Une année seulement pour montrer au monde, que tous les beaux discours du 5 décembre 2013, jour de décès de Nelson Mandela, n’étaient que démagogie.
Une année seulement pour laisser se volatiliser, comme ça, le grand héritage de mzeh (vieux en swahili).

Une année seulement pour que les esprits soient de nouveau envahis par la désunion.

Oui, une année seulement…

Une chose, tout au moins, une seule : Prions pour que Mandela ne sache rien !

 

 

 


Au Burundi, vaut mieux Whatsapp que la police

323985_462685727083559_766208862_oTout part d’un voleur, plutôt un homme aux allures d’un boss, avec une bagnole en plus, une belle, pris après son coup raté de vol d’un p… de téléphone mobile. Un escroc, voilà, sans tourner autour du pot. Comme tout arnaqueur, au départ, il jurera par tous les dieux, tentant de clamer son innocence à qui veut l’entendre, malgré qu’il ait été pris la main dans le sac. Et pourtant, une phrase suffira pour qu’il s’incline, confesse et se livre complètement : « nous allons mettre ta photo sur Whatsapp ! »

Visiblement rodé en coup fourré, n’ayant plus peur de la police, le voleur déguisé se retrouvera à genoux grâce à de simples flashs des Smartphones.

Quelle folie des TIC? Mais ce coup de théâtre susmentionné ne reste qu’un cas pêché dans un océan d’épisodes beaucoup plus délirant. Que dire de ces vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, mettant à nu la vie privée des personnalités publiques parfois, les dérives des moments intimes entre groupe d’amis. Sauf qu’entre eux, il y a toujours une taupe pour filmer en catimini, ensuite télécharger et enfin partager sur whatsapp.

Mais au-delà de ces extravagances, l’on peut saluer cette conscience qui s’installe petit à petit.Tout le monde fait désormais gaffe à ses gestes, craignant de faire les délices des sans scrupules qui prennent n’importe quoi pour alimenter la toile. Mais l’on peut déjà dire bravo à whatsapp qui arrive désormais à mettre de l’ordre, sans matraque, ni menottes, encore moins gaz lacrymogène, là où la police burundaise a du mal.

 


Élections de 2015: du « qui perd gagne » à la burundaise

Lors de l’enrôlement des électeurs pour le scrutin de 2015
Lors de l’enrôlement des électeurs pour le scrutin de 2015

 

De la Commission Electorale Nationale et Indépendante, en passant par l’opposition, c’est visiblement du raisonnement à l’envers en ce qui est de la préparation des élections.

C’est le jeu le plus simple, rentable, facile à apprendre, à jouer. Et pourtant il est pratiquement le seul à donner du fil à retordre aux Burundais, qui, apparemment, n’y voient que des étincelles. Mais sa logique est simple : réfléchir à l’envers. Aux sceptiques de se glisser dans les méandres de la cuisine interne de la CENI pour découvrir la formule de sa recette électorale : « rassurer pour enfin décevoir ». La technique ayant marché en 2010. Souvenez-vous des applaudissements de toute part vis-à-vis d’une commission consensuelle entre le parti au pouvoir le Cndd-Fdd, et l’opposition, suivis par après, hélas, du boycott de la même opposition au scrutin, des discours dubitatifs des membres de la Commission, des accusations graves de trucage des résultats,…

Et aujourd’hui le jeu, lui, est resté le même, seul la formule a, peut-être, changé: décevoir pour surprendre après. Et que voit-on ? Contestation de l’opposition dès le début du processus, une CENI plus que jamais controversée, qui vient de voir presque tous ses partenaires (société civile, partis politiques,…) se retirer de ses branches provinciales(CEPI) et communales (CECI), irrégularités pour ne pas dire des fraudes dans l’enrôlement des électeurs,…Pire, la grande coalition de l’opposition, l’ADC Ikibiri, vient de demander à la CENI de démissionner.

Même l’opposition

Non ! Ce n’est évidemment pas la spécialité de la CENI. En 2010, la même opposition, comme c’est du « qui perd gagne », s’est retirée de la course et le Cndd-Fdd, le parti au pouvoir, a tout raflé. Aujourd’hui, non seulement elle reste fidèle au raisonnement à l’envers en laissant faire la CENI, elle vient d’échouer de se mettre ensemble pour tenter de battre le parti au pouvoir.

Mais bon, comme c’est du « qui perd gagne », c’est, peut-être, la meilleure des cartes. Sauf que dans les faits, le jeu semble tourner au profit du camp adverse, le parti aux affaires, le Cndd-Fdd.

 

 

 


L’Afrique, toujours incognito

C’est mon premier constat avec deux journées à La Haye où je suis invité par le gouvernement néerlandais en tant que blogueur journaliste africain. Objet : comprendre le fonctionnement des instruments juridiques internationaux telles la Cour pénale internationale, la Cour internationale de Justice et la Cour permanente d’arbitrage.

En plein coeur de la ville de La haye
En plein coeur de la ville de La haye

Un Européen qui ignore tout sur le Burundi ? C’est normal. On digère. Mais…toute l’Afrique ? Quand même ! Là, j’ai éclaté. Une histoire aux épisodes interminables. Tout commence dès mon atterrissage à Amsterdam ce dimanche 16 novembre 2014. Jeune Africain qui nage dans un océan d’Occidentaux. Je joue le fils de la maison. Je serre les dents. Je pose peu de questions, je sais où se positionne mon chauffeur de taxi. Destination : mon hôtel, dans la ville de La Haye. Curieux, dans les autoroutes d’Amsterdam, assis sur le volant de son taxi plus confortable que les meilleures bagnoles de Buja, je dis vrai, le chauffeur lance la conversation.
Where are you coming from ? Son anglais titube comme le mien. C’est mieux. Le jeu est équilibré.

Moi : Burundi

Chauffeur : Where?

Moi : BU-RU-NDI ! J’ai envie de lui casser les tympans. Il reste gentil, ne réagit pas, et une idée me traverse l’esprit. J’enchaîne : Do you know Burundi ?

Chauffeur : No !

Moi : Is it the first time that you hear about Burundi?

Chauffeur : Yes !

Moi : What ! Il n’a peut-être pas entendu bien la question. Elle est mal formulée, oui. Les mots sont mal choisis, oui. Le niveau d’anglais n’est pas fameux, mais il a dû saisi l’essentiel me dis-je. Je repose ma question, pas de changement. Un peu choqué, je cherche une référence pour lui donner une idée de ce qu’est le Burundi. Voilà. Un nom surgit de ma petite cervelle : « Le Rwanda ! » Le chauffeur hoche la tête. Je tourne les yeux, gratte ma tempe. Et la réponse fuse : « Where people killed themselves ? ». Il ne savait visiblement que ça sur le Rwanda. Un coup de froid dans le dos, la phrase me froisse. Et le taxi arrive. Heureusement. J’ai quitté la voiture, bourré d’interrogations dont la principale : quelle image avons-nous donnée au monde ?

Même la Côte d’Ivoire ?

Comme chaque journée va avec son épisode. Mes amis ivoiriens m’offriront une belle occasion de rire un peu. C’est un peu méchant de ma part, mais…
Nous voici dans un magasin électronique devant une caissière pour régler les factures. Et cette dernière lance la conversation. Devant elle se trouvent des Africains qui parlent tout sauf l’anglais. Elle pose la question : « Are you in visit ? »
Les Ivoiriens : Yes. We come from Côte d’Ivoire. J’essaie de rectifier en soufflant dans les oreilles de l’un d’eux : « Dites Ivory Coast ». Il ne m’écoute point. « C’est la Côte d’Ivoire monsieur ! ». Ok. Je me calme. La caissière n’entend que du chinois tout comme mon chauffeur de taxi la veille. Cinq minutes plus tard : « Ivory Coast ! ». J’avais raison finalement. Sauf que la jeune fille, aux apparences d’une Indienne, ne sait visiblement rien, rien du tout, sur l’Afrique. Elle se rabat sur son ordi pour « googler » la Côte d’Ivoire. Mes amis essaient, tout comme moi avec mon chauffeur de taxi, de l’aider. Mais eux, ils ont de quoi présenter : « Drogba ! » « Who ? », rétorque la fille. « Didier Drogba ! » En Afrique tout le monde connaît Didi non ? Pourtant aucune info sur la star du foot européen de la part de la caissière. Et j’avais envie de lui demander : « Pourquoi moi je connais Van Persie, Arjan Robben, supporte Ajax d’Amsterdam dans mon petit coin à Buja? » Je digérai cette découverte, mais je rentrai cuit, mes amis ivoiriens grillés.

On attend le troisième épisode…

 

 

 

 


Mon cher Burundi, ne rate pas encore ta chance stp!

Peacekeeping - ONUBEncore une nouvelle tempête sur l’Afrique. La première, des années 60, étant passée pour balayer les colonisateurs. La seconde, un vrai ouragan cette fois-ci, qui est parti du nord pour faire escale à l’ouest (on attend la prochaine destination) est en train de faire un coup de balai à la tête de certains Etats pris en otage par le « colonisateur local ». L’ère du « printemps arabe » est révolue, aujourd’hui on rime déjà sur un probable « printemps noir ». Qu’est-ce qu’on n’entendra pas avec cette Afrique qui, visiblement, a du mal à comprendre que les mêmes causes produisent les mêmes effets ? Que n’inventera-t-on pas avec ces pays aux présidents qui ne tirent jamais des leçons de ce qui se passe chez leurs voisins ?

Mon pays

Les échos du Burkina se sont répercutés tout de go sur le Burundi. Fallait-il faire autrement ? Non. On s’y attendait. Le petit pays au cœur de l’Afrique était, à quelques exceptions près, dans la même situation que le pays des hommes intègres, tous avec des présidents tentés par un mandat jugé de trop. Un de mes billets écrits il y a quelques mois n’a apparemment pas besoin d’être actualisé pour parler de ce que risque « mon » pays en cas de forcing.

Faut-il encore attendre 50 ans ?

Un recul. Si le Burundi devait regretter une chose, c’est la mort du prince Louis Rwagasore en 1961, le héros de l’indépendance. Le pays a perdu la boussole, les chicaneries politico-ethniques ont pris place, la loi de la jungle s’est installée où le plus fort, sachant appuyer sur la gâchette que les autres, s’emparait bon gré mal gré du pouvoir. Cinquante ans d’enfer. Il vient de nous falloir un demi-siècle pour enfin avoir une autre opportunité de faire un nouveau départ. Le pays a un président élu démocratiquement. 2015, il aura fait dix ans à diriger le pays. Mais comme la « mathématique politique » a fini par devenir une science non exacte, personne ne sait plus s’il s’agit de deux mandats ou un seul. Tout en précisant tout de même que la loi souligne que cinq ans valent un mandat.
Mais au-delà de ces péripéties politiques, où tout le monde joue le con, comme s’il ignorait la finalité d’un tel jeu, une chose est sûre : une occasion en or de se remettre sur les rails pour bâtir un Etat de droit, prospère et démocratique vient de se présenter devant le Burundi. Quel président osera se laisser traverser par ce démon de s’éterniser au pouvoir si celui actuel a respecté les règles du jeu ? Mais tout se jouera en 2015, l’année charnière. Si on rate la chance, peut-être qu’il faudra encore attendre 50 ans voire plus pour espérer une aubaine pareille. Mais dans l’entre-temps, l’on pataugera encore dans nos futilités de politique sans vision, d’une économie qui ne fait que régresser… Et je ne sais pas qui l’on blâmera cette fois-ci, parce qu’il faut toujours trouver un bouc émissaire. Glauque.

 

 


J’ai fait un rêve : j’étais président !

Dans ma langue maternelle, le kirundi, le titre se traduit ainsi : Naraye ndarota ndi perezida !

1990446_cortege-sarkozyQuelle folie ? Moi, président, président de la République ! Quoi ! J’hallucine ? Non, je rêvais. Heureusement. Mais quel cauchemar au juste ? Une nuit burlesque, chargée, bourrée de fictions pourtant inspirées de la réalité, peut-être. Naturellement ça faisait des années sans commettre une bourde pareille. Rêver de la façon…me retrouver les poches pleines de billets de banque alors que je n’ai même pas un compte bancaire. Oôô… enfance quand tu nous tiens ! Ne me dites pas que je suis seul à avoir joué les Bill Gates pendant le sommeil pour me retrouver le matin, hélas, dépourvu d’un seul billet de cinquante francs bu (environ 1 centime d’euro) pour me faire ne serait-ce qu’un chewing-gum.

Et cette fois-ci, ma folie avait franchi le Rubicon. Me voici au palais (je sais même pas comment je me suis retrouvé là). Bâton de commandement au creux de ma main droite, accueillant hôtes de marque, dirigeant le Conseil des ministres, m’offrant quelques voyages, réprimant parfois les voix discordantes qui torpillent mon action tels les médias et la société civile… le quotidien d’un président quoi ! U’see ?

Quitter ou rester ?

Jusque-là, je me la coulais douce. Mais les années passaient, se succédaient, les unes après les autres. J’étais un président, mais pas un roi. La fin de mes mandats approchait. Je devrais lâcher, oui, quitter le pouvoir. C’était dur. Très dur. Je devrais faire un choix. Mon dilemme, ma situation finalement très inconfortable, faisait la Une des journaux, ma tête, qui faisait la tête, caricaturée. Mais je continuais à résister. Et pourtant mon intérieur n’arrêtait de souffler par une voix douce, inévitable et irréductible, le plus gênant des conseils : « Se maintenir au pouvoir, violant ainsi la Constitution sur la limitation des mandats, va certainement détruire les fondements de la démocratie pourtant acquis au prix du sang de mes compatriotes ». De l’autre côté, les sirènes du pouvoir sifflaient très fort m’appelant à m’accrocher. Pire, mon entourage avait tellement gaffé que quitter comme ça allait signer la fin de la récré pour enfin comparaître devant la Justice.

Mais il fallait faire un choix. Quitter ou rester ? Malheureusement mon réveil sonna, je me suis levé d’un bond, et l’histoire s’arrêta. Hélas…

P.S : Je n’ai jamais su pour quel pays j’étais président. Peut-être mon pays le Burundi, ou le Rwanda je ne sais pas, ou encore du Congo-Brazzaville… Tous étant dans la situation décrite. Mais bof…ce sont les aléas des rêves.

 


Je fus bègue, je sais ce que ça fait

Je pensais que l’histoire était définitivement enterrée. Et voilà ce 22 octobre, journée mondiale sur le bégaiement, vient de la déterrer. Je fus bègue.

Que de douleurs, de frustrations, d’angoisse quand tu veux parler et que les mots se cassent au niveau de la gorge pour finalement sortir en syllabes isolées. Voilà la déconfiture que j’ai vécue pendant plus de 20 ans. Ça me prenait parfois 10 secondes, 30, voire 1 minute juste pour dire « Maman ». Mmmmmmm…parfois je m’arrêtais par là. Je souffrais, je frappais le mur, me tournais, me retournais, pour forcer la dernière syllabe. Des fois ça marchait, d’autres fois pas.
Les camarades d’école étaient toujours là, n’arrangeant en rien les choses. Ils riaient, raillaient, me coupaient parfois la parole, fatigués de mes histoires jamais racontées jusqu’au bout. La frustration grandissait, et la peur de s’exprimer ne cessait d’enfler.

La peur ?

Oui. C’est le plus redoutable des monstres. Je garde toujours la mémoire de mes deux premières années à la fac, perdu au fond de l’amphithéâtre noir de monde d’au moins 150te étudiants, ne pouvant pas lever le petit doigt pour poser une question au professeur. J’avais été suffisamment la risée de mes camarades et je ne voulais plus ou ne pouvais plus, m’aventurer à élever la voix en public. Mais j’avais une astuce : attendre que le professeur passe au travers des rangées pour enfin poser ma petite question en toute discrétion. Et ça marchait. Je ne bégayais même pas dans ces moments.

C’est fini maintenant

Comme pour m’étouffer, bégayer fut un grand couvercle interne à mon épanouissement. Ironie du sort : de nature je suis un peu volubile. Un autre caractère aurait arrangé peut-être l’affaire. De surcroît, par passion et par conviction, à l’université je me suis retrouvé dans différents clubs d’échange et de réflexion. Il fallait parler, organiser des conférences, bref m’affronter et faire face à ma peur et à « mon » handicap. Le choix était clair : soit me dire  » Je suis bègue, c’est un sacré problème d’élocution et de communication qui me bloquera toute la vie   » ou faire fi de ce bégaiement. J’ai opté pour la seconde option. Heureusement d’ailleurs. La peur s’est volatilisée. Les railleries de l’entourage, mes frustrations, ne pesaient plus, et ça n’a été qu’une question de jours pour m’en sortir une fois pour toutes.

En définitive : Si, l’on peut surmonter ses peurs. Si, l’on peut guérir du bégaiement. Si, ce handicap peut devenir une vieille histoire. Tout est question de choix, de hardiesse, de détermination, de conviction, ou de « foi ferme », dixit les chrétiens.

 


Burundi : l’histoire d’un bateau qui a perdu le nord

L’heure n’est pas loin de sonner le glas du système éducatif burundais. De l’école primaire à l’université, personne ne sait plus où elle va. 

BateauLes étudiants burundais, des universités publiques et privées, sont en grève depuis peu. La raison : ils ne comprennent, ni ne saisissent d’où vient et va le nouveau système LMD (Licence-Master-Doctorat). Pire, ils disent ne pas savoir ce que sera l’équivalent de leurs nouveaux diplômes. Mieux : au moins eux, ils peuvent crier, réclamer, grever, et leur voix peut encore retentir dans les oreilles de nos dirigeants.

A côté, des écoliers, innocents, qui ignorent ce qu’est « grever », sans Délégué Général ni Association Machin pour défendre leur cause, dans une nouvelle moule : l’Ecole Fondamentale. Un système dont les programmes tiennent compte de la réalité de l’Afrique, oui, avec comme innovation l’entrepreneuriat. On avait longtemps tiré à boulets rouge sur ces anciens programmes qui datent de la période coloniale dont l’un des objectifs était de former des bureaucrates, qui vivent à longueur de journée moulés dans des costumes cravates. Le Burundi, pour ne pas dire l’Afrique entière, en avait visiblement assez.

Ironie du sort

Malheureusement les désapprobations fusent de partout pour dénoncer « un système qui arrive peut-être au mauvais moment et qui vient sacrifier toute une génération qui sert aujourd’hui de cobaye parce que mal pensé». Sinon que dire de ce manque criant d’enseignants, d’instituteurs qui dispensent des leçons dont ils n’ont jamais appris eux-mêmes à l’instar de l’anglais et du swahili, de ces locaux dont la qualité laisse à désirer dépourvus de tout matériel didactique ?

Bref, un système éducatif paralysé « de la tête aux pieds », avec des universitaires qui ignorent complètement la destination de ce nouveau train dans lequel on les embarque. Derrière eux, des écoliers jetés dans une machine dont le contrôle de la manette semble échapper complètement à son maître.

Voici donc un bateau qui a perdu le nord avec un capitaine qui ne sait visiblement plus quoi faire. Dire que l’heure est grave pour le système éducatif burundais n’a rien d’un scoop. Par contre, exposer la soif d’avoir un nouveau maître capable de redresser la barque peut en être un.

 


Je ne sais plus quoi dire !

L’équipe gouvernementale du Burundi est en retraite dans la province de Gitega (centre du pays) depuis ce jeudi 16 octobre 2014 pour parler, réfléchir, échanger sur « la lutte contre la corruption ».

Le gouvernement du Burundi.
Le gouvernement du Burundi.

Quelle cause ô combien noble ! A ceux qui ignorent les réalités du Burundi, il est parmi le top five des pays les plus corrompus d’Afrique. Ici je n’ai pas grand-chose à dire. Je suis Burundais. Je vis les mêmes réalités que mes compatriotes. Bref, aucune leçon à donner.

Et en guise d’ouverture des travaux, voici le tweet de la présidence, pourtant plein de bonnes intentions, mais qui risque de provoquer le tollé général : « Nous voudrions réaffirmer que la lutte contre la corruption est 1 choix irréversible &le cheval de bataille pour le gouvernement ». Un statut également présent sur Facebook. Moi-même j’ai cliqué sur « partager ».
Comme convenu, je ne commente rien. Je vous donne les réactions de ces internautes, pliées en une ou deux lignes. Et vous aurez tout le topo. J’espère.

Olivier Blessing Umugisha : « Ça fait plaisir d’entendre à l’approche de 2015 ».

2015 étant le rendez-vous pour les prochaines élections.

Alfred Burimaso : « Que la retraite soit un succès. Plusieurs bandits en cravate; des kleptocrates freinent sensiblement le développement socio-économique de notre pays. Que des mesures soient formulées et mises en pratique en vue de les combattre ».

Ok. Vu les réactions, la messe est dite. Et je n’ajoute rien sauf rappeler une belle leçon que nous donnait tout récemment Jean François Bastin, journaliste belge de renom, aujourd’hui en retraite, sur ces ateliers, séminaires, retraites… qui font les délices des hôtels burundais sans résultats palpables : « Le séminaire est la meilleure façon d’échapper à la réalité et à la responsabilité, on y parle pour ne pas agir, on y remue des mots et du vent. Si ces milliers d’ateliers avaient eu la moindre utilité, le Burundi serait aujourd’hui le pays le mieux organisé du monde et tous les Burundais seraient heureux… »

Merci Bastin, et bonne chance au gouvernement du Burundi !